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La réduction des émissions de gaz à effet de serre en France a marqué un ralentissement notable en 2024. Alors qu’une diminution de 1,8% a été observée, ce chiffre contraste fortement avec les 5,8% enregistrés l’année précédente. Cette diminution mitigée ne suffit pas pour aligner le pays sur ses objectifs climatiques à long terme, selon les récentes estimations du Citepa.
Inertie dans certains secteurs clés
La baisse marquée de 11,6% enregistrée par le secteur de l’énergie en 2024 apparaît comme une exception plutôt qu’une règle générale. Elle est largement attribuée à l’usage intensifié de l’électricité nucléaire et des énergies renouvelables. Cette dynamique positive souligne le potentiel des énergies bas-carbone pour transformer ce segment clé. Cependant, d’autres secteurs, notamment celui des transports et du logement, peinent à prendre le même virage vert.
- Ces secteurs nécessitent des politiques spécifiques pour inciter à l’adoption de technologies plus propres.
- Investir dans l’innovation et les infrastructures pourrait débloquer des réductions significatives dans ces secteurs énergivores.
La concentration des efforts sur les réformes industrielles pourrait être une recette gagnante, mais des initiatives ambitieuses doivent également être menées dans ces secteurs qui affichent une inertie préoccupante.
Une trajectoire à redéfinir
La France se trouve actuellement à une intersection critique sur son chemin de décarbonation. Avec des émissions pré-estimées à quelque 366 millions de tonnes de CO2 équivalent pour 2024, le niveau le plus bas depuis 1990, la pente descendante reste moins prononcée qu’en 2023. Or, pour atteindre l’objectif fixé par le traité Européen, la nation doit réduire ses émissions brutes de 50% d’ici 2030 par rapport aux chiffres de 1990. Au rythme actuel, cette cible demande une réduction annuelle moyenne de 15 Mt CO2e de 2024 à 2030, un défi majeur si l’on considère les résultats récents.
La révision à venir de la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) vise justement à rectifier cette trajectoire, avec une cible provisoire de 270 Mt CO2e d’ici 2030. Mais comment orchestrer cette transition stratégique dans tous les secteurs de l’économie, tout en favorisant une croissance durable ?
Un enjeu global : le méthane sous le radar
La réduction des émissions de méthane est un aspect crucial pour tempérer un réchauffement planétaire rapide. Moins souvent cité dans les rapports, le méthane possède, en effet, une capacité de piégeage de la chaleur presque 80 fois supérieure à celle du CO2 sur une période de 20 ans. Bien que ce facteur soit moins discuté dans le contexte français, son impact sur le climat ne peut être ignoré. Les efforts pour diminuer les émissions de méthane devraient voir le jour en parallèle des mesures déjà existantes pour le dioxyde de carbone, formant ainsi une coalition robuste contre le changement climatique.
- Encourager des initiatives dans l’agriculture et l’industrie énergétique pourrait considérablement réduire les émissions de méthane.
- Utiliser des technologies innovantes pour détecter et minimiser les fuites de méthane peut jouer un rôle crucial.
Europe élargit ses ambitions
D’autres membres de l’Union européenne, conscients de ces enjeux, sont appelés à renforcer leurs propres objectifs climatiques dans les mois à venir. Cette coordination accrue est impérative pour que chaque nation intègre des objectifs précisés dans une vision européenne collective. Dans le même temps, l’application stricte des engagements européens doit se traduire par des actions concrètes, indispensables pour que le continent puisse convenablement participer à l’effort environnemental mondial.
Alors que l’année 2024 démarre sur des notes mitigées pour la France en termes de réduction des GES, l’ampleur du défi à venir s’illustre parfaitement. La conjonction des forces industrielles, le secteur privé, et des politiques gouvernementales en matière d’innovation et d’investissement peuvent encore réorienter la trajectoire. Cependant, ce n’est qu’avec une volonté accrue et une action concrète partagées à tous les niveaux que le pays pourra espérer honorer ses engagements climatiques avec succès.