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TikTok, une application au succès planétaire, se trouve aujourd’hui dans la tourmente à cause de son rôle dans la diffusion de fausses informations électorales. Un rapport récent de l’ONG Global Witness met en lumière les insuffisances de la plateforme en matière de détection et de suppression de contenus trompeurs. Les accusations se concentrent particulièrement sur l’Irlande et la Roumanie, où la désinformation électorale a été particulièrement marquante.
Un test révélateur sur TikTok
Global Witness a entrepris une enquête minutieuse en créant quatorze vidéos, contenant des allégations fallacieuses concernant le processus électoral, qu’ils ont ensuite soumises à TikTok comme publicités payantes. Sur ces vidéos, trois étaient en anglais et huit en irlandais, toutes approuvées par la plateforme. Parmi ces vidéos, certaines prétendaient faussement qu’il était nécessaire de recevoir deux vaccins COVID-19 pour voter, que le vote par correspondance était possible après la fermeture des bureaux de vote, ou encore que l’on pouvait voter via Facebook.
- Insuffisance des modérateurs pour le contenu en irlandais, avec aucun parlant couramment la langue.
- Rejet par TikTok de la majorité des vidéos lors de la première étape de modération.
Bien que TikTok affirme que ces publicités ne furent jamais diffusées, ce test met en lumière des lacunes importantes dans leur processus de gestion des contenus.
Un impact visible en Roumanie
La capacité de TikTok à influencer les élections est indéniable, notamment en Roumanie où Calin Georgescu, un candidat ultranationaliste, a remporté une victoire surprenante au premier tour des élections présidentielles. Sa campagne, largement relayée sur TikTok, pose de sérieuses questions quant à la responsabilité des plateformes numériques dans la transparence des processus démocratiques.
Pressé d’agir, TikTok est sous le microscope de l’Union Européenne, qui exige de lui une conformité stricte aux règles de transparence numérique selon la législation sur les services numériques de l’UE. Ces règles visent à garantir la protection des utilisateurs, notamment les plus jeunes, un domaine où TikTok a déjà rencontré des problèmes majeurs. En effet, l’application a dû revoir ses pratiques après avoir été condamnée aux États-Unis pour la collecte illégale de données personnelles de mineurs.
Des critiques à l’international
En parallèle, TikTok lutte également contre des accusations de favoritisme et de censure. La suppression de contenus pro-démocratiques à Hong Kong et la réduction de la visibilité des publications de minorités – que ce soit les publications des personnes handicapées, en surpoids ou issues de la communauté LGBTQ – jettent un doute sur son impartialité.
Les scandales ne s’arrêtent pas là, car aux États-Unis, des soupçons d’espionnage, accusant TikTok de transmettre des données personnelles au Parti communiste chinois, ont entraîné des menaces d’interdiction de l’application dans plusieurs pays.
L’Union Européenne examine aussi TikTok avec une attention croissante. Confrontée à des problèmes de conformité dans la protection de l’enfance, l’application a dû temporairement suspendre certaines versions de son logiciel en France et en Espagne, soulignant l’ampleur et la complexité des défis auxquels elle fait face.
Un futur sous pression
Le géant des réseaux sociaux se trouve à un carrefour critique. TikTok doit non seulement renforcer ses mécanismes de modération et « tuer dans l’œuf » les désinformations avant qu’elles ne se propagent, mais il doit aussi s’assurer d’aligner ses pratiques avec les attentes des régulateurs mondiaux. Les prochains mois seront déterminants pour l’avenir de TikTok, qui devra faire face aux turbulences tout en misant sur une transparence accrue et un engagement en faveur de contenus sûrs et fiables.