Afficher le sommaire Masquer le sommaire
Le déploiement du programme Linky, qui a mis en réseau une vaste majorité de foyers avec son compteur communicant, a engendré ses succès et controverses. Avec un total impressionnant de 37,4 millions de compteurs installés, représentant un taux d’équipement de 95%, ce projet ambitieux a réussi à atteindre ses objectifs techniques dans les délais fixés. La Cour des comptes qualifie même cette réalisation de “succès industriel”, une reconnaissance qui souligne l’envergure de l’opération.
Une facture allégée mais une répartition des coûts critiquée
Sur le plan financier, le programme Linky a coûté 4,6 milliards d’euros, soit 18% en dessous des prévisions initiales de 5,7 milliards d’euros. Ce budget ajusté reste néanmoins intimidant, tant par son ampleur budgétaire que par sa complexité de financement. Le coût pour chaque compteur est de 130 euros, monté par Enedis jusqu’en 2021 et, par la suite, inclus dans la redevance des consommateurs, ce qui n’a pas évité quelques critiques quant à l’équité de ce modèle.
Les consommateurs ayant refusé l’installation doivent composer avec des frais supplémentaires estimés à 49,80 euros par an depuis le début de 2023. Cette politique inclut aussi des coûts additionnels mensuels de 5,33 euros HT attendus à partir de 2025. Une situation mettant en lumière les défis associés à l’imposition de technologies nouvelles à un large public.
-
La mise en place des compteurs a été finalisée dans les délais.
-
37,4 millions de compteurs, couvrant 95% du réseau hexagonal, ont été déployés.
-
Les économies prévues sur les frais de relevé et de petites interventions sont effectives.
Cependant, la Cour des comptes pointe du doigt le mécanisme de financement, particulièrement avantageux pour Enedis qui a tiré profit d’une rémunération de 311 millions d’euros entre 2016 et 2023, en plus d’un bonus de 407 millions par le biais de la régulation incitative. Un bénéfice non négligeable qui contraste avec les gains moindres perçus par les consommateurs.
Des économies réalisées mais des objectifs énergétiques décevants
Le déploiement des compteurs Linky a permis à Enedis d’économiser sur les relevés et les interventions mineures, désormais réalisables à distance, et de réduire les pertes liées aux erreurs de comptage. Cependant, l’exercice d’équilibriste n’a pas été tout à fait concluant dans la lutte contre les fraudes énergétiques. En effet, seulement 150 000 compteurs frauduleux ont été détectés, un chiffre qui reste très loin des attentes initiales.
Sur un autre volet, la consommation d’énergie devait être rationalisée grâce à une meilleure gestion de la demande, mais les résultats restent timides. Cette performance en demi-teinte met en évidence l’écart entre les ambitions affichées et la réalité vécue par les utilisateurs et les opérateurs.
-
Les fraudes détectées restent en deçà des espérances initiales.
-
La maîtrise de la demande d’énergie a rencontré des limitations notables.
En conclusion, même si le programme a permis quelques prouesses sur le plan technologique et de gestion, ses bénéfices financiers apparaissent moins directement tangibles pour les foyers français. La Cour des comptes incite désormais Enedis à réinvestir les bénéfices substantiels du programme dans des projets d’amélioration de ses réseaux. Un retour de faveur qui pourrait apaiser les critiques tout en renforçant l’infrastructure globale pour les années à venir.
Avec encore quelques ombres au tableau, le programme Linky continue toutefois de poser des jalons importants dans le paysage énergétique français, à condition que les futurs ajustements répondent efficacement aux attentes des utilisateurs et des analystes financiers. La prochaine étape pour Enedis pourrait bien être de transformer ces défis en opportunités d’amélioration continue pour un réseau plus intelligent et orienté utilisateur.