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Peu de technologies ont connu autant d’engouement et de débats que celle des véhicules autonomes. À mesure que les voitures se rapprochent de la conduite entièrement automatisée, les enjeux de sécurité restent au cœur des discussions. Actuellement, la promesse d’une route sans accidents semble compromise par un écueil majeur : une sur-reliance des conducteurs sur l’automatisation, ce qui nuit à leur attention et à leur implication active.
Le défi de l’interaction humain-machine
Des chercheurs de l’EPFL et de JTEKT Corporation, conscients de cet enjeu, ont conçu une nouvelle approche de la conduite automatisée qui repose sur une interaction humaine avec le véhicule. Ce dispositif avant-gardiste utilise des technologies haptiques et introduit des modes d’interaction innovants entre l’humain et la machine. Ainsi, le conducteur est incité à rester vigilant et engagé dans le processus de conduite.
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Le système renforce l’échange entre le véhicule et son conducteur, allant au-delà des simples caméras grâce à l’intégration de données provenant de la colonne de direction.
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En cas de danger soudain, ce système est capable de basculer entre un mode collaboratif et un mode compétitif pour prévenir les collisions.
En somme, il n’opère pas en circuit fermé : chaque intervention du conducteur, telle qu’un mouvement de volant, déclenche une redéfinition de la trajectoire, au lieu de simplement désactiver le système. L’objectif est de proposer une conduite assistée qui encourage une supervision continue et proactive du conducteur.
Résultats impressionnants des essais de conduite
Les tests effectués avec des simulateurs et un véhicule spécialement modifié ont révélé que ce modèle de conduite améliore considérablement le confort et réduit la fatigue du conducteur. Contrairement à d’autres systèmes partiellement autonomes, tels que le Pilot Assist de Volvo ou l’Autopilot de Tesla, qui sont souvent contournés par les usagers, ce nouveau dispositif maintient active la participation du conducteur tout au long du trajet.
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Les systèmes d’automatisation partielle, en revanche, encouragent parfois des pratiques comme consulter son téléphone ou grignoter, détournant l’attention de la route.
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Ce comportement entraîne des risques accrus d’accidents, une inquiétude exprimée par l’Insurance Institute for Highway Safety (IIHS).
Un point essentiel que soulèvent les chercheurs est la différence de réaction en situation d’urgence. Lorsqu’un conducteur est inattentif, somnolent ou distrait par l’automatisation, son temps de réponse se rallonge, augmentant les probabilités de collisions impromptues.
Impact de la durée de la conduite autonome
L’implication directe de l’automatisation est éloquemment mise en lumière par une étude de la Fondation MAIF, révélant que plus la durée de la conduite autonome s’étend, plus le temps nécessaire pour reprendre le contrôle du véhicule augmente aussi. En pratique, chaque seconde précieuse compte : un conducteur met environ 4,5 secondes à récupérer le volant après une longue phase de conduite autonome. Tandis qu’à cette vitesse, la voiture parcourt 130 mètres, soit l’équivalent d’un long terrain de football.
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Les véhicules de niveau 3, qui suppriment l’obligation de garder les mains sur le volant mais imposent une attention circonstancielle, illustrent bien ce dilemme.
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L’autonomie allongée et la fausse assurance qu’elle procure peut lasser certains utilisateurs, transformant ainsi la technologie innovante en un défi de vigilance.
Ce paradigme entre confiance excessive et nécessité de contrôle immédiat demeure une barrière essentielle au développement de véhicules autonomes sûrs. Les derniers résultats laissent l’espoir qu’avec de la recherche approfondie et des innovations constantes, nous pourrons envisager un futur où chaque voyage se déroulera en toute sérénité. Pour l’instant, l’interaction humaine est plus indispensable que jamais pour allier le meilleur des deux mondes : autonomie et vigilance active.