Marseille sous tension : les data centers menacent l’équilibre écologique et social

Le collectif marseillais « Le Nuage était sous nos pieds » s’est penché sur l’expansion rapide des data centers à Marseille, dénonçant leur influence grandissante sur la ville. Cet essor place Marseille au rang de deuxième hub numérique français après Paris et potentiellement, le cinquième mondial, dépassant même son statut actuel de septième. Cependant, l’euphorie des avancées technologiques cache des préoccupations bien réelles.

Marseille, terre d’accueil des data centers

Les data centers fleurissent un peu partout à Marseille, notamment dans des lieux stratégiques tels que le Grand Port Maritime de Marseille (GPMM) et les quartiers nord de la ville comme Saint-Henri et Saint-André. Plusieurs entreprises comme Digital Realty, Free Pro, Telehouse, Segro, et Phocea DC, y créent leurs infrastructures, attirés par des avantages logistiques et économiques majeurs.

  • Marseille profite de la présence de câbles sous-marins intercontinentaux.
  • Le territoire propose des opportunités foncières abordables.
  • Les grandes entreprises des télécoms trouvent un allié en la ville phocéenne pour le développement de leurs réseaux.

Le Grand Port Maritime, en quête de rentabilité, aperçoit dans ces projets une chance de valoriser ses biens immobiliers en déclin. Ainsi, l’essor des data centers dans la ville n’est pas un simple hasard, mais un calcul stratégique appuyé par une conjoncture favorable.

Impact écologique et social préoccupant

Bien que ces infrastructures soient synonymes de développement économique, leurs effets négatifs ne peuvent être ignorés. Les data centers sont réputés pour leur consommation massive en ressources, et Marseille n’échappe pas à cet impact :

  • Ils monopolisent les réseaux publics d’électricité et d’eau, risquant de saturer les infrastructures.
  • Le choix entre la priorité donnée aux services publics ou aux data centers génère des débats houleux.
  • Les conséquences environnementales, telles que l’utilisation excessive d’énergie, sont un autre sujet de préoccupation.

Le mouvement associatif marseillais pointe du doigt ces dérives, mettant en exergue les lacunes des politiques gouvernementales qui présentent ces infrastructures comme d’intérêt national, sans réelle prise en compte de leur empreinte écologique.

Rendement versus durabilité

Digital Realty, l’un des acteurs principaux dans cette prolifération, a investi 500 millions d’euros dans la ville, avec l’ambition de tripler cette somme sous peu. Se voulant avant-gardiste, l’entreprise développe des solutions de refroidissement par eau de rivière, supposées plus écologiques que les méthodes traditionnelles. Ces pratiques certes innovantes ne font pas oublier le poids environnemental général de ces gigantesques fermes de serveurs.

L’environnement naturel et le tissu urbain de Marseille subissent une pression inédite. Alors que certains applaudissent ces avancées technologiques, d’autres s’inquiètent des dommages conséquents sur le long terme. Le consortium marseillais, à travers ses critiques, défend une vision de la ville où progrès et respect de l’environnement ne s’excluent pas mutuellement.

Une vision futuriste discutée

Un projet encore plus audacieux est celui de Nautilus, qui propose des data centers flottants, une idée innovante avec des implications encore incertaines pour la biodiversité marine. Ce type de concept soulève également des interrogations sur la pérennité des choix industriels effectués à Marseille.

  • Les data centers pourraient être critiqués pour leur consommation excessive et l’espace qu’ils utilisent.
  • Les infrastructures contribuent à la crise bio-climatique déjà préoccupante.

Les choix qui s’offrent à Marseille sont délicats : embrasser pleinement ces innovations tech à tout prix ou concilier habilement le développement numérique et la préservation de son patrimoine naturel et social. Alors que les entreprises investissent des millions et transforment l’horizon urbain, la question reste : quelle Marseille se dessine à l’aube de ce bouleversement technologique ?

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