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Au Maroc, un vieux cadre législatif freine encore le secteur florissant du e-commerce. En effet, depuis 1924, Poste Maroc (Barid Al Maghrib) détient un monopole sur le transport des colis pesant moins d’un kilogramme, une situation dictée par le Dahir du 25 novembre de cette année. Cette législation, bien qu’ancrée dans l’histoire, impose toujours de lourdes contraintes aux opérateurs privés désireux de se lancer dans la livraison de petits colis.
Le cadre juridique actuel non seulement restreint la concurrence mais dissuade également l’innovation dans le secteur logistique marocain. La loi en vigueur interdit aux entreprises privées de livrer des colis en dessous du seuil d’un kilo sous peine de sanctions rigoureuses. Ces sanctions incluent la saisie des colis et des amendes qui peuvent atteindre 60 000 dirhams, un montant qui rend toute tentative de contournement tentante mais risquée.
Stratégies de contournement des entreprises de messagerie
Face à cette restriction, les sociétés de messagerie rivalisent d’ingéniosité pour contourner la législation en vigueur.
- Une des méthodes courantes consiste à ajouter du sel ou des cailloux dans les colis pour en augmenter artificiellement le poids.
- D’autres alternatives incluent des méthodes similaires toujours dans l’optique de franchir le seuil fatidique d’un kilogramme et ainsi, d’échapper aux sanctions de Poste Maroc.
Toutefois, Poste Maroc ne reste pas les bras croisés et a orchestré plusieurs opérations de contrôle dans les entrepôts de ses concurrents pour vérifier rigoureusement le poids des envois et appliquer les sanctions nécessaires aux contrevenants.
Un monopole critiqué et obsolète
Le monopole de Poste Maroc est vivement critiqué par les acteurs du commerce électronique au Maroc, jugé archaïque et freinant la compétitivité. Les critiques soutiennent que cette restriction est un véritable obstacle au développement d’un marché pourtant en pleine expansion. En effet, la majorité des articles commercialisés en ligne, notamment les gadgets, les accessoires technologiques et bien d’autres produits, ont généralement un poids inférieur à un kilogramme. Cela oblige les e-commerçants à faire appel à Poste Maroc, souvent à contrecœur.
- Les tarifs prohibitis ainsi que la qualité de service peu satisfaisante figurent parmi les principales plaintes des utilisateurs de Poste Maroc.
- Les experts pointent également l’inefficacité des services, nécessitant des améliorations pour mieux servir le dynamisme du e-commerce marocain.
Poste Maroc a néanmoins entrepris plusieurs initiatives pour améliorer ses services. Des dispositifs de suivi en ligne, l’introduction de Barid Bank Mobile, et des cartes prépayées ont vu le jour pour attirer et fidéliser une clientèle de plus en plus exigeante.
Vers une libéralisation nécessaire?
Pour de nombreux acteurs, la libéralisation du marché des petits colis s’impose comme une évidence pour dynamiser ce secteur stratégique. Un marché plus ouvert pourrait non seulement améliorer l’expérience client en réduisant les coûts mais aussi stimuler l’emploi dans le secteur logistique. Cette évolution pourrait également encourager de nouvelles startups à se lancer sur le marché, apportant avec elles innovation et compétitivité.
Les discussions autour de la libéralisation gagnent en intensité, mais elles doivent encore franchir plusieurs étapes pour devenir réalité. Les décideurs politiques sont encouragés à repenser cette législation afin de permettre à cette économie de prospérer pleinement. D’innombrables opportunités résident dans un marché réformé, propulsant le Maroc sur la scène mondiale du commerce électronique. Une modernisation bien réfléchie pourrait alors transformer ces défis en force, ouvrant la voie à un avenir logistique innovant et compétitif.
Le chemin vers cette transition est semé d’embûches, mais avec une volonté collective, un nouvel âge d’or pour l’e-commerce marocain pourrait être à l’horizon, libéré de ses chaînes historiques.
