Shinji Mikami et Suda51 dénoncent la censure japonaise sur les jeux d’horreur

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Les créateurs de jeux vidéo Shinji Mikami et Suda51 se montrent critiques vis-à-vis des mesures de censure imposées par les organismes japonais sur les jeux d’horreur. Ces deux figures emblématiques, connues pour leurs contributions marquantes dans l’industrie, notamment avec Resident Evil et No More Heroes, s’expriment à la veille de la sortie de Shadows of the Damned: Hella Remastered.

Des voix qui se lèvent en 2024

Lors d’une récente interview publiée sur GameSpark, Mikami et Suda se sont exprimés ouvertement sur les restrictions en vigueur. Ils illustrent leurs propos en mentionnant les jeux de leur création, spécifiquement Shadows of the Damned, qui a subi des modifications significatives pour se conformer aux normes de la Certification CERO Z, l’équivalent japonais de la classification pour adultes. “Les changements nous ont été imposés” déclare Mikami, soulignant que les ajustements nuisent considérablement à l’œuvre originale.

Retour sur les origines de la censure

La problématique de la censure des jeux vidéo n’est pas nouvelle. En effet, depuis 2008 et la sortie de Dead Space, le contrôle sur les contenus graphiques a été renforcé, visant à protéger les jeunes joueurs japonais. Toutefois, les créateurs considèrent que certaines mesures vont trop loin, altérant l’essence même de leurs œuvres. Suda51 explique : “La vision artistique est souvent compromise”, terminant en soulignant que la Certification CERO X, la plus stricte, est parfois appliquée de manière excessive.

Certains aficionados de jeux d’horreur se rappelleront sans doute de la version originale de Shadows of the Damned sortie en 2008, avant que les réglementations ne deviennent aussi rigides. Mikami indique : “Lorsque nous avons commencé ce projet, nous avions une image claire en tête, mais la réalité de la censure a rendu cette vision difficile à réaliser.”

Une situation qui s’étend au-delà de l’horreur

L’un des arguments avancés par ces deux éminents créateurs concerne l’impact des régulations sur l’industrie du jeu vidéo en général. En effet, les restrictions ne se limitent pas aux éléments graphiques mais englobent également des aspects narratifs cruciaux. Mikami partage une anecdote sur le développement de Shadows of the Damned Remastered : “Nous avons dû réécrire plusieurs scènes clés, ce qui a compromis l’intrigue de manière importante.”

Suda51 de son côté, évoque les difficultés rencontrées par les développeurs indépendants qui peinent à naviguer ces règles strictes. “Ce sont souvent les petits studios qui en souffrent le plus”, affirme-t-il, “ils n’ont pas les ressources pour effectuer de multiples reworks ou pour faire valider leur contenu modifié.”

Un appel au changement

Devant cette situation, ces pionniers du jeu vidéo implorent les autorités de montrer plus de flexibilité. “Nous ne demandons pas l’abandon complet des régulations”, précise Mikami, “mais une approche plus équilibrée qui respecte à la fois la créativité des développeurs et les sensibilités des joueurs.” Cette demande est particulièrement pertinente à une période où la culture du jeu vidéo évolue rapidement, intégrant des éléments de réalité virtuelle et augmentée qui rendent les expériences encore plus immersives.

Suda51 souligne également la paradoxe d’un marché globalisé où des œuvres jugées inappropriées par CERO rencontrent un immense succès ailleurs. “Dans plusieurs pays, les joueurs peuvent apprécier notre travail tel qu’il a été conçu,” déplore-t-il, “mais au Japon, ils n’ont qu’une version édulcorée.”

L’avenir de la créativité dans le jeu vidéo

Pour conclure, les deux créateurs espèrent que cette prise de parole suscitera un débat plus large sur la censure et la créativité dans l’industrie du jeu vidéo. En évoquant des jeux récents comme Dead Space sorti il y a une trentaine d’années, ils montrent que les défis rencontrés aujourd’hui ne sont pas nouveaux mais gagnent en complexité. “Il est temps d’engager une conversation ouverte sur ce sujet,” dit Mikami, espérant que l’année 2024 marquera un tournant pour des régulations plus nuancées.

Alors que Shadows of the Damned: Hella Remastered se prépare à une sortie mondiale fin octobre, les amateurs de jeux et les créateurs suivent de près les discussions entourant cette polémique. Les débats actuels sur la censure pourraient bien façonner l’avenir du jeu vidéo, définissant comment les récits horrifiques et autres genres peuvent encore échapper à la lame de la censure tout en offrant des expériences authentiques et non compromises.

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